Pour inaugurer ce blog, et après 30 ans d’expérience professionnelle, il m’apparaît évident de parler en premier lieu d’une pathologie extrêmement mal cernée par corps médical, alors qu’elle est pourtant d’une fréquence inouïe, et responsable de nombreux problèmes touchant non seulement le membre supérieur mais aussi le cou, la tête et l’épaule. 

Il s’agit du  syndrome costoclaviculaire

Cet exposé est volontairement simplifié à l’extrême. Sa lecture pourra peut-être faire sourire les professionnels de santé, mais peu importe.

Il est destiné à ce que vous, qui êtes arrivé(e) ici suite à vos recherches sur Internet, puissiez peut-être trouver une explication et une solution thérapeutique à vos douleurs.

Si vous ne l’avez pas encore déjà fait, vous devriez peut-être lire d’abord ce qui concerne la colonne cervicale dans l’onglet « pathologies » de ce site. 

Par définition, un thérapeute manuel qui travaille en technique axiale Pécunia a tout naturellement une prédilection pour les pathologies mécaniques articulaires de la colonne cervicale. Le traitement axial s’applique parfaitement au rachis cervical, en respectant sa physiologie, et un geste simple permet ainsi de venir à bout en toute sécurité de bien des soucis chroniques liés à des dysfonctions mécaniques du cou.

En un mot, le traitement cervical, c’est un peu la grande spécificité de la technique Pécunia, qui brille par son efficacité, sa simplicité et son innocuité.

Si vous avez parcouru la rubrique de ce site inhérente à la colonne cervicale, vous savez déjà que le dénominateur commun aux troubles articulaires réductibles de la colonne cervicale est qu’ils sont la conséquence d’un accident ayant impliqué l’énergie cinétique.

Quatre catégories de symptômes principaux

Ces grippages articulaires, dysfonctions mécaniques acquises, post-traumatiques et réversibles des articulations qui lient entre elles les vertèbres cervicales, sont susceptibles d’entraîner :

  • des douleurs cervicales de nature musculaire, sous tendues par des douleurs articulaires profondes, 
  • des céphalées (maux de tête) d’intensité et de topographie très variables, 
  • des sensations pseudo vertigineuses non rotatoires à type d’ébriété avec souvent un état nauséeux
  • des névralgies cervicobrachiales, irradiations douloureuses lancinantes dans les bras, les avant-bras ou les mains, accompagnées de sensations de fourmillements (paresthésies).

Traumatisme cervical, coup du lapin… Les vertèbres cervicales trinquent et les premières côtes avec !

A force de voir, d’examiner et de palper des centaines et des centaines de patients, mon approche s’est affinée et je me suis rendu compte de la place extrêmement importante des dysfonctions mécaniques de la première côte, quasiment toujours associées aux grippages articulaires cervicaux. 

J’ai donc découvert que la plupart du temps, les dérèglements mécaniques articulaires du cou riment avec la perte de la mobilité naturelle de la première côte, ce qui entraîne des retentissements compressifs sur certaines structures essentielles.

Syndrome costoclaviculaire - K1, vue 2
Clavicule et première côte K1. Vue 1

Crédits Photos : 3D4medical.com

Syndrome costoclaviculaire - K1, vue 1
Clavicule et première côte K1. Vue 2

Crédits Photos : 3D4medical.com

La première côte, c’est ce tout petit os arciforme, qui délimite la partie supérieure de la cage thoracique.

C’est la seule des 12 paires de côtes que l’on peut poser à plat sur une table. Elle est plate, contrairement à toutes les autres côtes qui ont une forme spiralée.

 Il n’est nullement question de faire ici un cours d’anatomie, mais il est juste important de comprendre  au moyen de ces deux schémas qu’entre la première côte ( K1 )  et la clavicule ( C ) est ménagé un  espace étroit appelé la pince costoclaviculaire, ou défilé cervico-thoracique, par lequel passe tout un contingent artériel, veineux, nerveux, et lymphatique qui est destiné au membre supérieur. 

À titre de précision pour comprendre ces schémas, il faut savoir que seuls les os sont représenté ici. 

L’extrémité antérieure de la première côte K1 (de couleur vert olive sur ces schémas) est prolongée en avant par un morceau de cartilage de même forme que la côte, et qui rejoint la surface articulaire en cupule que l’on aperçoit bien à la partie supéro-externe du sternum.

La taille de la pince costoclaviculaire varie naturellement au cours des mouvements d’inspiration et d’expiration, sans jamais exercer de contraintes sur ces structures qui la traversent.

Elle dépend à la fois des mouvements oscillatoires de bas en haut de la première côte, mais aussi de la position dans l’espace du membre supérieur, qui gouverne la mobilité de la clavicule.

La première côte ne s’articule pas avec la colonne cervicale mais seulement avec la première vertèbre thoracique en arrière et en avant avec la partie haute du sternum appelé manubrium, juste en dessous de l’articulation sternoclaviculaire (par l’intermédiaire de ce morceau de cartilage qui n’est pas représenté sur les illustrations).

Si lors d’un accident, souvent au cours d’un traumatisme cervical de type « coup du lapin », l’impaction grippe les minuscules surfaces articulaires qui unissent la première côte à la première vertèbre thoracique, la mobilité de cette articulation costo-vertébrale se réduit et la position de la première côte se fixe dans un état qui rétrécit la pince costoclaviculaire de manière permanente, on peut alors assister à un véritable déluge de symptômes.

Au terme de 30 années de pratique et après avoir vu et examiné probablement plus de 20 000 patients qui m’ont consulté pour des problèmes cervicaux, il apparaît que les premières côtes ne sont donc jamais à oublier dans le traitement du rachis cervical.

Dans 75% des cas de problèmes cervicaux d’origine mécanique, on trouve une première côte qui est aussi en dysfonction d’un côté. Et il n’est pas si rare que les deux première côtes soient grippées en même temps avec des degrés différents.

Il faut alors intervenir de manière précise et spécifique pour rendre à la première côte sa mobilité, et stopper ainsi son action perpétuellement agressive sur tous les éléments qui passent entre elle et la clavicule.

La preuve en images !

Ce petit film de 6 mn, produit il y a une vingtaine d’années par la Société Française de Médecine Mécanique, démontre de manière tout à fait claire que la première côte peut mécaniquement dysfonctionner et perdre de sa mobilité.

Et du même coup la retrouver après traitement !

Un syndrome parfaitement connu et identifié, au noms multiples

C’est surtout depuis une quinzaine d’années que mon intérêt s’est de plus en plus focalisé sur les pathologies de la première côte et sur le syndrome costo-claviculaire du fait de l’adressage ciblé de patients par les chirurgiens de l’Institut Chirurgical de la Main et du Membre Supérieur de LYON.

J’ai ainsi pu considérablement affiner la finesse non seulement du diagnostic et du traitement mais surtout en tirer la conclusion que les dysfonctionnements mécaniques de la première côte sont d’une très grande fréquence et peuvent entraîner des expressions pathologiques vraiment incroyables.

Ces chirurgiens ont commencé par m’adresser des patients qu’il suivaient pour des douleurs du membre supérieur dont l’origine n’était pas claire. 

Il était question de syndrome du canal carpien, de compression du nerf cubital au coude… mais avec une expression symptomatique souvent incomplète, atypique, et des examens paracliniques complètement discordants (par exemple un électromyogramme qui ne montre absolument pas de souffrance du nerf médian alors que le patient a bel et bien des paresthésies dans les trois premiers doigts, expression habituellement typique du syndrome du canal carpien).

L’électromyogramme peut donc avoir un résultat en demi-teinte, et ne pas justifier aux yeux des neurologues des douleurs pareilles, ou même une intervention chirurgicale.

Et c’est là que l’examen ostéopathique soigneux rentre en jeu, ainsi que l’interrogatoire qui est capital.

Au total, on se trouve devant un problème étonnamment simple à résoudre, et pourtant tellement méconnu que les patients concernés se retrouvent empêtrés dans des parcours thérapeutiques et rééducatifs improbables et très longs, avec des résultats partiels ou inexistants.

Certes, le diagnostic finit la plupart du temps toujours par être posé : À force d’examens paracliniques et de consultations spécialisées,  le corps médical identifie parfaitement le problème, devant l’ensemble des symptômes résultant de la compression du contingent vasculaire et neurologique qui passe entre la première côte la clavicule.

Dès lors, il n’y a pas moins de 6 dénominations qui désignent toute la même chose :

  • Syndrome costo-claviculaire ou costoclaviculaire ;
  • syndrome de traversée thoraco-cervico-brachiale (STTB) ;
  • syndrome du défilé thoraco-brachial ;
  • syndrome du défilé cervico-thoraco-axillaire ;
  • syndrome de compression costo-claviculaire ;
  • syndrome du défilé costo-claviculaire ;

Quels sont signes cliniques rencontrés en pareil cas ?

Ils sont multiples, et susceptible d’être tous mélangés avec des intensités diverses.

On observera dans un membre supérieur :

– des sensations d’engourdissement, avec fourmillements localisés aléatoirement dans le membre supérieur : avant-bras, paume, un ou plusieurs doigts…

– des sensations d’œdème et de gonflement des mains,

– une perte de la force motrice de serrage de la main, voire de tout le membre supérieur,

– des douleurs diffuses qui peuvent partir du cou, de l’épaule ou toucher seulement la main et ressembler à des crampes,

– des phénomènes vasculaires : main ou doigts « gelés » perpétuellement, parfois colorés en blanc ou en violet, les choses s’aggravant nettement chaque fois qu’il faut travailler les bras en l’air (accrocher des rideaux ou changer l’ampoule du lustre est un calvaire en quelques secondes). Le pouls radial est alors souvent faible ou absent. Il peut même disparaître lorsqu’on élève le poignet plus haut que l’épaule ( c’est la fameuse manœuvre diagnostique dite « du chandelier » )

– une hyper sudation avec les mains moites,

– des douleurs attribuées à des tendinites du coude, souvent validées à l’IRM ou à l’échographie, autant au stade diagnostic de départ qu’à celui de guérison apparente, et qui n’en finissent pas d’être douloureuses en dépit de soins divers (kinésithérapie, infiltrations de corticoïdes ou de PRP, ondes de choc…)


Comme tous ces signes sont finalement peu spécifiques, ils sont quasiment toujours interprétés à tort, et en premier lieu par votre généraliste comme étant dû à d’autres causes : 

  • névralgie cervicobrachiale  
  • syndrome du canal carpien
  • syndrome de compression du nerf cubital au coude
  • arthrose du poignet, du coude, des doigts…
  • tendinopathie de l’épaule et en particulier du supra-épineux ou susépineux, 
  • tendinopathie ou arthrose du coude
  • syndrome ou maladie de Raynaud
  • fibromyalgie
  • arthrose cervicale
  • hernie discale cervicale
  • « migraines », lorsqu’il y a des céphalées
  • troubles de l’oreille interne, lorsqu’il y a des vertiges qui sont pourtant toujours non rotatoires, sachant qu’on peut aussi avoir étonnamment des acouphènes.

Les causes habituelles du syndrome costoclaviculaire :

Lorsque le diagnostic de syndrome costoclaviculaire est évoqué, on va d’abord et naturellement aller vérifier s’il n’y a pas quelque chose d’évident qui puisse le justifier, c’est à dire une cause de rétrécissement de la pince costo-claviculaire :

  • Présence d’une côte cervicale surnuméraire
  • Existence d’une anomalie morphologique de la première côte ou de la clavicule ou des deux
  • Fracture de clavicule mal consolidée
  • Une insertion anormale des muscles scalènes

…Et la petite cause supplémentaire que presque personne ne connaît :

Ainsi le syndrome costoclaviculaire passe inaperçu pour la plus belle et simple raison qu’on ne soupçonne pas que la première côte puisse dysfonctionner de manière simplement mécanique

En fait, c’est tout simplement une notion qu’on n’apprend pas en médecine.

Et bien souvent, comme au total on ne rencontre aucune des anomalies habituelles et répertoriées chez un patient qui a pourtant plein de signes cliniques, on conclut qu’il n’y a finalement pas de syndrome costoclaviculaire parce qu’on ignore complètement l’existence et la nature du grippage articulaire de la première côte, et de son dysfonctionnement mécanique pourtant réductible c’est-à-dire annulable par un traitement manuel approprié.

Trop d’examens paracliniques ne simplifient pas le diagnostic !

On se perd alors en conjectures diverses, alimentées par d’autres anomalies ponctuelles inévitablement trouvées sur la multitude des examens paracliniques qui sont réalisés sur des mois ou des années :

  • I.R.M. cervicale : On trouve très fréquemment des pathologies discales (protrusion ou hernie discale) 
  • IRM ou échographie de l’épaule, du coude, du poignet : Là aussi des anomalies comme de l’arthrose, des aspects de calcification tendineuse, de tendinopathie fissuraire, de faiblesse ligamentaire… peuvent être mis en évidence.
  • Électromyogramme du membre supérieur : Souvent imparfaitement positif ou discordant quand on le compare aux symptômes présentés.
  • Écho doppler artériel ou veineux des membres supérieurs réalisé au repos et à l’effort, angiographie artérielle et veineuse au repos et à l’effort ( angioscanner, angio I.R.M., artério ou phlébographie.) : Très souvent normalité anatomique intégrale, et confirmation de situations compressives.

Et malheureusement, à aucun moment on ne va imaginer que la première côte est l’objet d’un dysfonctionnement mécanique acquis suite à un événement traumatique et que c’est elle, en fait, qui est responsable de l’intégralité des problèmes, parce que sa position fixée par grippage entraîne un rétrécissement de l’espace entre elle et la clavicule.

La radiographie cervicale de face

Il s’agit du seul examen simple qui permette d’un seul coup d’œil de voir si une première côte dysfonctionne.

Dans 90 % des cas la radiographie n’a jamais été demandée alors que les patients ont plusieurs kilos de comptes-rendus, de scanner et d’I.R.M.

Je fais ce constat tous les jours.

On y voit pourtant clairement les deux premières côtes, dont on s’aperçoit très simplement qu’elles ont des orientations différentes qui permettent d’évoquer et de faire le diagnostic au premier coup d’œil. 

Sur cette radiographie de face, sont surlignés les cols des deux premières côtes.

Sur ces 2 exemples de radiographie de face, sont surlignés les cols des deux premières côtes.

Normalement ces cols doivent être symétriques, et tous les deux d’orientation ascendante externe.

Sur chaque cliché, on remarque que l’un des 2 cols n’a pas la même orientation que l’autre: il est un peu plus horizontal.

  • Sur la première radiographie en haut, cette différence se voit nettement, et c’est la première côte droite qui est pathologique (qui apparaît en fait à gauche sur la radio que vous regardez).
  • Sur la deuxième radiographie, cette même différence existe mais elle est plus subtile. C’est le col gauche qui est pathologique visuellement plus horizontal que le col droit.

9 fois sur 10, cet aspect oriente vers le diagnostic de grippage de la première côte, et donc ici en l’occurrence, d’un syndrome costoclaviculaire du côté le plus horizontal.

Ce constat est extrêmement reproductible d’une personne à l’autre qui souffre des symptômes précédemment décrits.

Votre médecin généraliste n’est absolument pas sensibilisé à ce genre de diagnostic au cours de ses études, pas plus que ne le sont les médecins du sport, les rhumatologues, les rééducateurs fonctionnels, et bien entendu les ostéopathes DO.

Bien sûr, le syndrome costoclaviculaire fait partie de l’enseignement en médecine, mais il est présenté comme une chose très exceptionnelle, et la plupart du temps en rapport direct avec l’existence des anomalies décrites précédemment ( côtes surnuméraires etc.)

À aucun moment on ne vous explique qu’un dérèglement post-traumatique de la première côte peut avoir de telles conséquences. Et pour bien des médecins, l’idée même de la réalité et de l’existence d’une telle lésion, mécanique et réductible, relève de la science-fiction !

Lorsque le diagnostic de syndrome costoclaviculaire est évoqué, c’est généralement parce que le patient a des manifestations circulatoires extrêmes type syndrome de Raynaud (mains froides, doigts cyanosés), absence de pouls radial, ou lorsque des troubles neurologiques s’installent ( fourmillements des mains, perte de force…)

Et s’il y a des troubles neurologiques dans un membre supérieur, on évoque avant tout une responsabilité de la colonne cervicale avec une compression discale puisque ces symptômes peuvent aussi évoquer une névralgie cervicobrachiale.

Le piège est d’autant plus grand que dans pratiquement 100 % des cas les patients ont eu une I.R.M. cervicale, et qu’on y trouve très souvent des anomalies discales qui sont incriminées et présentées comme grandes responsables des symptômes.

Et en fait,  c’est la première côte qui est responsable de l’irritation du plexus brachial et des irradiations névralgiques cervico-brachiales.

Comme elle n’est pas visible sur les I.R.M. cervicales mais seulement sur les radiographies de face qui ne sont pour ainsi dire jamais faites, on passe à côté du diagnostic. 

Et quand bien même, pratiquement aucun radiologue n’est entrainé à déceler les dysfonctions de la première côte sur une radio de face.

Les radiographies d’illustration précédentes sont interprétées comme absolument normales.
Et il est plus juste de dire qu’elles ne sont pas interprétées du tout !

 A Lyon, un seul médecin radiologue s’est intéressé et s’est sensibilisé à ce concept, qui a été pour lui une révélation !

La complexité et le mélange des « signes fonctionnels » dont se plaignent les patients : porte ouverte à tous les égarements diagnostiques 

Ainsi, c’est au terme d’un très long parcours consultatif chez les spécialistes divers, qui n’ont pas d’autre solution de traitement que des techniques kinésithérapiques pour tenter d’ouvrir la pince costoclaviculaire (Technique de Peet ) ce qui est partiellement ou temporairement efficace, avec à terme des décisions  chirurgicales très lourdes et résection de la première côte au sécateur.

Le diagnostic de syndrome costoclaviculaire est compliqué par une foule de diagnostics différentiels, c’est-à-dire de problèmes qui engendrent des signes trompeurs et similaires.

La plupart du temps, il va s’agir de sensations de fourmillements dans une main, ou simplement dans quelques doigts.

C’est paresthésies sont accompagnées de sensations de gonflement des doigts, de lourdeur du membre supérieur, avec pratiquement toujours des difficultés à serrer, et des lâchages d’objets.

Tout ceci rentre aussi partiellement dans le cadre descriptif symptomatique du syndrome du canal carpien c’est-à-dire la compression du nerf médian au niveau du poignet, qui entraîne des fourmillements dans le pouce l’index et le majeur.

Si les fourmillements concernent surtout le 5ème doigt, et la partie latérale de la main et de l’avant bras, on se retrouve souvent dans un diagnostic qui rentre dans le cadre d’une « compression du nerf cubital au coude« .

Les douleurs sont présentes la plupart du temps depuis des mois.

Je vois des patients qui ont été déjà opérés de leur coude ou de leur canal carpien, et sans grande efficacité sur leurs douleurs qui ont continué de plus belle, ou qui ont été soulagées incomplètement au grand désarroi de leur chirurgien.

Lorsque l’opération a eu lieu, on s’aperçoit que les examens préalables et en particulier l’électromyogramme ( EMG) n’étaient pas toujours très clairs mais souvent demi-teinte sur le plan du diagnostic de compression du nerf médian ou cubital. Au total, ces patients ont été opérés, car il était question de les soulager. Malheureusement, on se rend à l’évidence que la tentative a échoué en totalité ou en partie.

Ces tableaux de névralgie cervicobrachiale entraînent la réalisation d’une I.R.M., qui peut dévoiler la présence d’une hernie discale cervicale qui semble confirmer le diagnostic. Pourtant, une intervention chirurgicale peut s’avérer être un échec avec un patient qui conserve les signes initiaux et ses fourmis dans les doigts !

En fait, l’I.R.M. prescrite contribue souvent à brouiller les pistes. Elle dévoile souvent des anomalies discales (discopathies) d’ordre physiologique, car quasiment tout le monde finit par avoir naturellement une dégradation de la qualité de ses disques intervertébraux en vieillissant. Dans certaines professions exposées à des efforts et des contraintes physiques répétées, cela s’observe dès la trentaine.

Si l’I.R.M. décèle une hernie discale, on peut être confronté au fait qu’elle n’est pas au bon endroit pour expliquer la topographie douloureuse. Cette discordance entre le territoire impacté par les paresthésies et la hernie discale est troublant et contribue encore à compliquer le diagnostic. (Toute la distribution neurologique est cartographiée et précise: en clair et par exemple, quelqu’un qui a des paresthésies dans le pouce gauche (c’est-à-dire des sensations de fourmillements) doit en principe avoir une atteinte compressive de la racine C6 gauche au niveau de la colonne cervicale. Donc en toute logique, l’I.R.M. doit donc montrer un problème au niveau du disque C5C6 exerçant une compression radiculaire de la racine C6 gauche

Imaginez combien il est alors déconcertant de constater la présence de pathologies potentiellement graves qui ne donnent pas les signes attendus ( ici en l’occurrence et toujours par exemple, une hernie discale C6 mais avec un contact radiculaire à gauche donc du mauvais côté, avec en plus des images de discopathies ou de protrusions discales à d’autres niveaux !)

Cela peut prêter à sourire, mais ces cas de figure sont extrêmement fréquents.

Je constate que la discordance I.R.M. / symptômes est en fait assez systématique pour les patients qui me consultent.

Et probablement pour la bonne et simple raison que je ne vois pas ceux qui ont des I.R.M. concordantes avec leurs douleurs : Ils ont déjà été opérés et soulagés par un chirurgien !

Outre tout leur cortège symptomatique douloureux du membre supérieur, ces mêmes patients à la première côte grippée ne tardent pas à exprimer d’autres symptômes qui passent généralement complètement à la trappe et auxquels personne ne s’intéresse : en premier lieu, on retrouvera très fréquemment des maux de tête (céphalées) qui ne sont que le prolongement de douleurs cervicales qui partent de la base du cou d’un côté, associés ou non à des sensations de déséquilibre non rotatoire à type d’ébriété

Au sujet des céphalées, ces dernières peuvent être aussi fortes que les personnes concernées les comparent à un pieu qui partirait d’un côté et de la base du cou (là où est localisée l’articulation 1ère côte- 1ère vertèbre thoracique) et qui rentrerait dans la région occipitale d’un côté pour ressortir en direction frontale, derrière ou au-dessus d’un œil !

Dans un très grand nombre de cas, et de manière souvent spectaculaire, les patients concernés éprouvent un inconfort majeur de toute la ceinture scapulaire, en ce sens qu’ils sont incapables de bouger les épaules de manière symétrique et indolore. Enfiler une veste ou quitter un pull est très compliqué et très douloureux. Toute élévation des coudes, des avant-bras et des mains au-dessus de l’épaule est épouvantable à vivre. Se coiffer, se laver les cheveux ou les dents, avoir un métier manuel (coiffeuse, dentiste…) est alors très pénible. Ne manquez pas de regarder à ce sujet la vidéo à la fin de cet article.

Il ne faut pas non plus oublier l’aspect vasculaire très souvent présents chez les patients porteurs d’un syndrome costoclaviculaire. Beaucoup se plaignent d’avoir les mains froides en permanence et les doigts gelés hiver comme été. On leur a parlé de syndrome de Raynaud…

On constate chez eux une grande faiblesse du pouls radial, et celui-ci est complètement aboli dans la classique « manœuvre du chandelier » : faire élever passivement le membre supérieur plus haut que l’épaule entraîne une abolition du pouls radial, c’est-à-dire qu’on ne le perçoit plus à la palpation du poignet de la personne que l’on examine.

Ce sont ces mêmes personnes qui atterrissent en chirurgie vasculaire avec un diagnostic de syndrome du défilé thoracobrachial, et au total une résection de la première côte, véritablement coupée au sécateur..

Dans une immense majorité des cas, toutes les expressions douloureuses qui viennent d’être évoquées sont majorées la nuit, et sont responsables d’une grande fatigue liée à un manque de sommeil chronique.

En conclusion…

Vous avez donc compris après tout ceci qu’un simple traumatisme cervical peut engendrer un tout petit dysfonctionnement fixé et spontanément irréversible de l’articulation qui relie la première côte à la première vertèbre thoracique, entraînant une immobilité relative de cette première côte, le rétrécissement du mince espace entre la première côte et la clavicule et des conséquences compressives néfastes sur tout ce qui passe dans ce défilé costo-claviculaire.

Et bien sûr, ce problème mécanique de la première côte peut aussi cohabiter avec l’existence d’un « vrai » syndrome du canal carpien, ou d’une « vraie » compression post traumatique du nerf cubital au coude. On parle alors de « syndrome double crush« , ce qui revient à dire que des éléments nerveux sont agressés à deux endroit de leur parcours ( défilé costo-claviculaire ET coude ou poignet ).

Et rien n’empêche le grippage de la première côte d’être associé à de l’arthrose ou une fracture de l’épaule, ou à des pathologies de tendinites de l’épaule et du coude ou du poignet, qui n’en finissent pas de ne pas guérir.

Pas étonnant, lorsqu’on sait que le contingent nerveux végétatif sympathique (celui qui fait transpirer, hérisser les poils, ou règle le calibre des micro-vaisseaux capillaires nutritifs) est aussi comprimé au niveau de la pince costo-claviculaire. Le métabolisme et l’homéostasie des tissus est dès lors perturbé, ralentissant les processus d’auto réparation des tendinites.

Au total, dépister et surtout traiter efficacement le syndrome costo-claviculaire avec un geste ostéopathique dans le cadre d’un authentique double crush syndrom revient bien souvent à faire ce que j’appelle du « ménage articulaire pré-chirurgical » !

Dès lors, la neurolyse (c’est à dire la libération du nerf médian au canal carpien, ou du nerf cubital au coude) devient un acte simple et pleinement efficace, suivi de zéro complication de type algodystrophie , évolution tant redoutée en chirurgie.

Le diagnostic de grippage de la première côte : presque un jeu d’enfant ! 

Une première côte qui dysfonctionne entraîne des signes à l’examen clinique très reproductibles d’une personne à l’autre, pas forcément tous présents même temps, mais il suffit qu’il y en ait au moins deux, et le diagnostic est assuré.

  • Tout d’abord la palpation indirecte de la première côte au travers de masses musculaires, dans la région de son col, c’est-à-dire de sa partie postérieure, tout près de la base de la colonne cervicale.
    On tombe sur une zone de consistance dure et  très asymétrique par rapport au côté qui ne souffre pas, et on déclenche une douleur locale souvent très importante en appuyant juste un peu.
  • La palpation relèvera aussi la présence d’une contracture du petit pectoral, qui est pratiquement toujours présente, et qui n’est généralement pas spontanément perçue de manière consciente par le patient. Ce n’est qu’en appuyant dans la zone tout près de l’épaule et juste sous la clavicule que l’on va déclencher une douleur importante du côté concerné et pas de l’autre coté. On parle de «contracture sentinelle» du petit pectoral, c’est-à-dire que ce muscle est toujours spasmé lorsque la première côte dysfonctionne. C’est un signe extrêmement évocateur, et on dit de fait qu’il est « pathognomonique ».
  • Le fait de pincer légèrement la peau du dos de part et d’autre de la colonne dorsale et de remonter en roulant la peau sous les doigts va déclencher à peu près en regard de la bretelle horizontale du soutien-gorge d’horribles douleurs. On appelle ça des cellulalgies au palpé roulé. Là aussi, le patient n’a aucunement conscience d’avoir des problèmes pareils dans le dos ! Il s’agit juste d’un signe déclenché par examen clinique et qui n’existe que du côté du membre supérieur qui souffre. À quelques centimètres de là, de l’autre côté de la colonne, pincer et rouler la peau est absolument indolore.
  • Enfin, on retrouve pratiquement toujours des altérations de la mobilité de toute la ceinture scapulaire, qui fonctionne mal, et douloureusement par rapport à son homologue sain :
  1. Le plus petit signe, qui est très évocateur d’un grippage la première côte, consiste juste à remarquer une asymétrie de la distance bras oreille lorsqu’on demande au patient d’élever les bras tendus à la verticale des oreilles. En principe, n’importe qui arrive à faire contact  entre la face interne de ses bras et ses oreilles à la fin de ce mouvement. D’une personne à l’autre, le contact n’est pas toujours possible mais la distance bras oreille doit être parfaitement symétrique de l’ordre de 2, 3, 5 cm peut-être. S’il existe un grippage la première côte, la distance bras oreille apparaît bien plus importante du côté grippé.
  2. Enfin de très nombreux patients ont de véritables impotences d’épaule, s’avérant absolument incapables de lever les bras en l’air symétriquement, ou de faire des rétropulsions (accrocher la bretelle du soutien-gorge). À la fin de cet exposé, une vidéo résume l’importance que peut avoir le grippage la première côte le syndrome costoclaviculaire en général sur la mobilité de l’épaule.
  • Ces mêmes patients sont suivis souvent depuis bien longtemps pour des tendinopathies et en premier lieu une tendinite du supra épineux ( ou sus-épineux).

Et je constate que c’est sur cette tendinite que toute l’attention thérapeutique se focalise, avec pourtant une rééducation en piscine correctement suivie et qui n’entraîne pas les améliorations attendues, sans compter toutes les infiltrations de corticoïdes ou de PRP que le patient a aussi pu avoir entre-temps.

En fait, c’est bien la première côte qui par son dysfonctionnement et son retentissement inévitable sur des chaînes musculaires, est responsable du mauvais fonctionnement mécanique de l’épaule, et c’est elle qui est responsable des tendinopathies en présence. 

C’est la conclusion que j’ai pu tirer après avoir traité des centaines de patients. 

Le traitement ostéopathique :

Simple et rapide, avec le plus souvent des résultats immédiats sur la fonction articulaire, et en quelques jours sur les douleurs.

Il n’est pas question ici d’exposer comment se traite manuellement la première côte dans le syndrome costoclaviculaire lié à son dysfonctionnement mécanique réductible.

On dira simplement qu’il passe bien entendu par un traitement dans l’axe du rachis cervical tel qu’il est décrit dans ce site sur les vidéos que vous trouvez tout en bas de la page d’accueil de ce site.

Néanmoins, le traitement axial du cou ne suffit pas et il y a d’autres gestes précis à effectuer pour mener à bien le traitement de dégrippage de l’articulation costo-vertébrale de la première côte.

Et les résultats sont habituellement au rendez-vous en quelques jours, si le diagnostic est le bon.

Lorsque la première côte est responsable d’anomalie de la fonction mécanique d’une épaule, ce qui répétons-le n’est pas toujours forcément le cas d’une personne à l’autre, les résultats du traitement manuel sont tellement spectaculaires qu’ils en sont incroyables.

Ils sont illustrés en quelques secondes dans la vidéo que vous pourrez découvrir ci-après.

10 à 20 minutes séparent ces quelques exemples avant et après traitement.

Parmi ces patients, « Nathalie » avait été opérée d’une fracture de l’épaule. Dans son cas précis, il n’y a eu absolument aucun geste manipulatif sur l’épaule : On a ici la preuve que c’était sa première côte, grippée au cours de sa chute ayant entraîné la fracture, qui était responsable de son impotence et non pas une mauvaise consolidation. Le résultat parle visuellement de lui même.

Les autres patients ont juste un simple grippage d’une première côte, et une impotence conséquente, associée ou non avec tous les autres symptômes précédemment décrits.

Tous ces patients m’ont été adressés par les chirurgiens de l’institut chirurgical de la main et du membre supérieur à Lyon.

Liens

Société Française de Médecine Mécanique

Institut chirurgical de la main et du membre supérieur à Lyon